Nadir Dendoune à la conquête de l’Everest

À l’occasion des 70 ans de la première ascension de l’Everest, nous avons pu poser quelques questions à Nadir Dendoune, premier franco-algérien à être allé sur le toit du monde sans aucune préparation préalable. Il a accepté de retourner dans ses souvenirs de 2008 pour nous parler de cette expérience d’une vie.

Image de Nadir Dendoune sur le toit du monde

Lorsqu’on se retrouve là-haut, sans expérience, dans des conditions difficiles, qu’est-ce qu’on se dit pour continuer ?

On repense à sa vie, aux difficultés auxquelles on a dû faire face. J’ai grandi à la cité Maurice Thorez, à L’Ile-Saint-Denis dans une famille nombreuse, avec un papa qui était payé au Smic et une maman au foyer, les deux étaient illettrés. Des parents courageux et aimant, ce qui vaut tout, qui nous ont inculqué de belles valeurs. Sur le papier, rien ne me prédestinait à me retrouver un jour sur les pentes enneigées de l’Himalaya. Alors, lors de l’ascension de l’Everest, j’ai puisé à l’intérieur de moi pour y trouver de la force. Je voulais rendre fier les miens, ma famille, mais aussi mon quartier, le département de la Seine-Saint-Denis d’où je suis originaire et où je vis toujours. En 2008, le 93 était beaucoup montré du doigt. C’était l’époque où Nicolas Sarkozy promettait de nettoyer les cités au Karcher…

Dans différentes interviews, vous avez exprimé votre ras-le-bol des clichés sur les personnes de banlieue, pensez-vous qu’il est nécessaire de réaliser des exploits pour obtenir de la reconnaissance ? Est-ce que cela a été le cas vous concernant ?

Un jour, j’ai dit que pour devenir un être ordinaire, il avait fallu que je fasse des choses extraordinaires. Je suis conscient que si je n’avais pas grandi dans un quartier populaire, je n’aurais peut-être pas eu le désir et la force de me surpasser. Il m’a fallu écrire quatre livres et deux scénarios, réaliser quatre documentaires, gravir des dizaines de montagnes, etc, pour perdre tous mes complexes. En ce qui concerne les clichés sur les banlieusards, ils ont surtout pour effet de saper encore plus le moral des habitants des quartiers populaires.

Vous avez couché votre expérience sur papier, dans Un tocard sur le toit du monde paru en 2010, c’était important pour vous de laisser une trace écrite de ce que vous aviez vécu ? Pourquoi ?

J’en avais surtout marre que les “autres” parlent à ma place. Quand je dis les autres, je parle de certains sociologues, journalistes, réalisateurs, issus des classes bourgeoises qui s’emparent de nos histoires, peut-être que parce que leurs vies sont légèrement ennuyantes… Aujourd’hui, je suis tellement fier de ce livre, de la force qu’il donne aux gens. Surtout quand j’apprends que des élèves l’étudient en classe. 

Qu’avez-vous appris sur vous-même lors de cette expédition ?

Ma mère me répète toujours qu’avec de la patience, du courage et de l’amour, on peut tout faire. Elle a raison. J’ai appris lors de cette expédition que je pouvais être courageux, patient et avoir en moi suffisamment d’amour pour aller au bout de cette aventure.

Seriez-vous prêt aujourd’hui à retenter l’expérience ?

Même pas en rêve ! Même pour un milliard d’euros, je ne retenterai l’expérience. Je n’avais jamais autant souffert auparavant que lors de l’ascension de l’Everest. J’ai vécu les huit semaines les plus éprouvantes de ma vie.

Conclusion

N’hésitez pas à également aller écouter la chronique sur Nadir Dendoune, ainsi que celles sorties à l’occasion des 70 ans de la première ascension de l’Everest !

Bonne écoute !



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