Ella Maillart : explorer les « Oasis Interdites »

Il y a des personnes dont la vie semble incarner le sens de l’aventure. Ce sont celles qui sont constamment à la recherche d’expériences nouvelles et stimulantes. L’exploratrice et écrivaine suisse Ella Maillart était l’une d’elles. Tout au long de sa vie, elle se lance dans les itinéraires que d’autres jugeaient trop dangereux. Ainsi, elle devient souvent la première à les emprunter. Dans Oasis Interdites, elle raconte l’aventure captivante vécue en 1935, lorsqu’elle traverse la Chine d’Est en Ouest, jusqu’aux Indes. C’est la sélection #1 du Book club du Camp de base ! Bonne lecture.

Sommaire :

Ella Maillart et sa carte d'Asie centrale : exploratrice, journaliste et photographe

« Lorsqu’on jette un regard rétrospectif sur la vie d’Ella Maillart, rien ne semble être dû au hasard. Son premier voyage fut financé par la veuve de Jack London, rencontrée par hasard à Berlin. Elle fit ses premières photographies avec des déchets de pellicule donnés par le grand cinéaste soviétique Vsevolod Poudovkine, qui lui prodigua conseils et encouragements. Son premier Leica lui fut offert par le Dr. Leitz en personne, impressionné par les images qu’elle ramenait, en toute modestie, du Turkestan russe. »

À propos d’Ella Maillart, sur la promotion de son exposition au musée de l’Elysée en 1997, après sa mort.

Qui était Ella Maillart ?

Ella Maillart est une pionnière. Elle a organisé de nombreuses expéditions au XXè siècle. Aventurière et écrivaine, elle aime repousser les limites, entreprenant souvent des voyages audacieux dans des contrées lointaines. Maillart offre à ses lecteurs un aperçu d’un monde qui n’existe plus. Dans sa volonté de prendre des risques et de repousser les limites, elle a donné un aperçu de parties du monde inexplorées jusqu’alors. Elle nous laisse des récits et des photographies qui ont traversé l’histoire. Avec son amie Annemarie Schwarzenbach, elle relie Genève à Kaboul en 1939 en Ford. Ses aventures l’ont menée de la Suisse au Népal, de Paris à Istanbul, de l’Inde à la Chine. Un véritable esprit d’aventure se perpétue dans l’héritage d’Ella Maillart.

Ella était également une photographe et une alpiniste accomplie, ainsi qu’une auteure à succès. Au cours de sa vie, elle a écrit plus d’une douzaine de livres sur ses voyages. Elle est aussi correspondante de presse. La vie d’Ella Maillart est une source d’inspirations pour tous ceux qui rêvent d’explorer le monde.

Ella Maillart à son arrivée à Gilgit (au nord du Pakistan actuel) avec l’écrivain britannique Peter Fleming en 1935.

Quelle est la situation géopolitique en Chine en 1935 ?

Dès le début des années 30, la Chine lutte contre la politique expansionniste japonaise qui a envahie la Mandchourie dès 1931. La situation géopolitique est donc instable, face à l’ennemi qui vient de l’extérieur. Mais sans compter les troubles intérieurs qui se superposent. En effet, la guerre entre communistes et nationalistes à débuter dès 1927.

En 1935, malgré un terrain difficile et des conditions météorologiques extrêmes, elle a choisi de braver l’inconnu.

« Le gouverneur qui a reçu la mission Citroën a été renversé et mis en prison… Et la capitale elle-même a failli tomber aux mains des rebelles. »

Ella Maillart dans Oasis Interdites à propos du Turkestan

Ella Maillart est à Pékin, et elle doit rentrer en Europe. Les informations ne sont pas encourageantes. Le Szetchouen est en proie a une sanglante guerre civile et personne ne peut rentrer au Turkestan chinois. Les rares Européens qui s’y trouvent.y sont coincés pour plusieurs mois. Ella se retourne alors vers tous ceux qui pourraient lui donner des informations. Elle rencontre à nouveau le flegmatique Peter Fleming, qui souhaite partir sur le champ.

« M’entendant parler du Tsaidam et des Smigounoff, il me dit froidement :
– En effet, c’est par là que je rentre en Europe. Si vous voulez, vous pouvez venir avec moi…
– Pardon, répondis-je c’est mon itinéraire à moi, et c’est moi qui vous emmènerai si j’y trouve avantage.
La controverse dure encore ! »

Dialogue entre Ella Maillart et Peter Fleming à leur rencontre à Pékin.

Afin de découvrir des secrets qui étaient restés cachés pendant des siècles, elle ne recule devant rien. Cette quête particulière l’a conduite à explorer ce que l’on appelait les « Oasis interdites » d’Asie centrale, seule possibilité de rentrer en Europe. Mais cette aventure n’est pas sans risque. En effet, elle et Peter ne font pas valider leurs passeports par Nankin. Ainsi, l’autorité chinoise ne connait pas leur prochain itinéraire et est donc moins susceptible de leur barrer la route.

Peter Fleming, auteur ?

Comment a-t-elle réussi à traverser certains des déserts et des montagnes les plus dangereux du monde à une époque où peu de femmes s’aventuraient hors de chez elles ?

Ella Maillart est du genre déterminée et n’a peur de rien. Dans son enfance, elle est très amie avec Hermine de Saussure, avec qui est traverse la Méditerranée de Cannes à la Corse. Elle n’a jamais laissé le fait d’être une femme se mettre en travers de son chemin. Tout au long de son incroyable voyage, elle a dû affronter des tempêtes de sable, une chaleur intense et un épuisement total.

« Peter somnole tout habillé, et pour la première fois renonce à la pipe du soir : mais avant qu’il ne tombe endormi, je lui arrache la promesse de faire vacances demain soir pour que Slalom (NDLR : son cheval) puis se reposer… À vrai dire, moi-même j’ai le dos rouillé et les genoux douloureux. »

Ella Maillard, Oasis Interdites

Mais malgré tous les obstacles, elle a réussi à conquérir des hordes de déserts et de montagnes dangereux avec son compagnon Peter Fleming. Elle a accompli ce que peu de personnes – et encore moins de femmes – oseraient tenter à un tel moment.

Sa volonté de s’engager avec différentes cultures a permis des échanges significatifs entre elle-même et diverses personnes qu’elle a rencontrées en cours de route – des hauts fonctionnaires du gouvernement aux citoyens ordinaires – permettant aux lecteurs de mieux comprendre des modes de vie différents.

Que retenir d’elle ?

Nous pouvons nous inspirer de l’exemple donné par des personnalités comme elles qui ont repoussé les limites et réalisé leurs rêves, même s’ils semblaient impossibles au départ. Il s’agit d’un rappel important que les rêves sont des rêves pour une raison – ils nécessitent généralement un travail acharné, un dévouement et, souvent, un peu de chance pour se réaliser. Suivre cet exemple est la clé pour libérer notre potentiel et réaliser nos propres rêves aujourd’hui. C’est pourquoi nous ne devons jamais abandonner nos efforts pour atteindre nos objectifs ; même lorsque tout semble s’opposer à nous, on ne sait jamais ce qui peut arriver !

« Une joie unique est en moi : quoiqu’il me semble toujours naturel d’être là où je me trouve, je sais que cette arrivée à Kachgar, évoquée tant de fois, nous avait semblé chimérique à Pékin. La chance aidant, nous avons réussi. Et la réussite de cette traversée restera sans rivale dans mon expérience. En effet, l’Asie est unique, et pour moi qui aime surtout les vieux pays primitifs, il n’y a pas de continent qui lui soit comparable. Le bonheur le voilà : cette ivresse que crée un instant d’équilibre entre un passé qui nous satisfait et un avenir immédiat riche de promesses. […] Un fou rire de gamine s’empare de moi tandis que je bourre les côtes de Peter de coups de coude, incapable d’exprimer autrement la joie qui bouillonne en moi. »

Ella Maillard, Oasis Interdites

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1 réflexion sur “Ella Maillart : explorer les « Oasis Interdites »”

  1. Ping : Comment Stendhal s'est inspiré des montagnes ?

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